dimanche 12 octobre 2008

Instinct de mort et religion

Au moment où j’écris ces quelques mots, je me trouve à bord du vol TU 720 allant de Paris à Tunis. Actuellement, nous survolons le sud de la France et il y a quelques turbulences, l’avion tangue légèrement, mais rien de bien méchant. Certains passagers ont néanmoins eu des frayeurs… Une tunisienne a dit à la personne qui se trouvait derrière elle, qu’elle avait fait ses prières. Dans la salle d’embarquement, je l’avais déjà vue lire un petit coran comme ceux que l’on trouve près de la place de la Monnaie à Tunis. « Grand bien lui fasse », dirais-je…

Je me suis posé la question suivante : « Quelle est la nature du rapport entre la foi et la mort ? ». Les deux sujets peuvent paraître non liés de prime abord, mais j’ai remarqué que les personnes qui craignent le plus la mort sont parfois des croyants authentiques et pratiquants qui ne devraient, à priori, pas avoir peur de mourir, puisqu’elles ont foi en un au-delà merveilleux qu’elles n’ont cessé d’attendre toute leur vie. D’autre part, quand on s’interroge sur la naissance des religions, on ne peut occulter l’angoisse de la mort, ferment essentiel qui a sans doute poussé nos vieux ancêtres à élaborer des systèmes de croyance capables d’atténuer la peine qui naît naturellement lorsqu’un proche nous quitte. Mort et religion sont liés pour le meilleur et pour le pire ; l’édifice conceptuel religieux a souvent servi à fournir les meilleures raisons pour donner ou se donner la mort. Les dissidents étaient occis chez les Juifs (Jésus, Jean le baptiste), les Chrétiens (l’inquisition), et les Musulmans (la Ashoura). Les croyants menaient et continuent de mener des guerres saintes : génocides menés par Aron (le frère de Moïse), croisades, kamikazes musulmans, etc.

L’instinct de mort est-il le socle des religions ? Il est en tout cas manifeste que les religions ne mettent pas en avant la notion inverse, à savoir l’instinct de vie. Toutes les religions érigent des codes moraux assez sévères destinés à brider le plaisir et la jouissance que nous pouvons retirer de l’existence ; elles nous tracent un chemin de vertu destiné à rendre l’homme meilleur (ou plus malade selon Nietzsche) et elles guettent nos moindres faiblesses pour nous culpabiliser. Le coran ne cesse de menacer l’homme du châtiment suprême : le feu. Le christianisme dénonce la sexualité épanouie ; d’ailleurs ses sept péchés capitaux sont autant d’arguments en faveur de la nature répressive de la religion. Le judaïsme atteint des sommets avec les lois mosaïques énoncées dans le Lévitique. Même le bouddhisme n’est pas épargné puisque sa thèse principale est qu’il est possible d’atteindre l’état de sérénité en renonçant à tous les plaisirs terrestres et aux instincts. L’instinct de mort est l’élément le plus facilement détectable dans les textes religieux, mais il contrebalance certainement un instinct de vie somme toute assez chétif …

Les religions ont permis d’élaborer des lois qui ont régi nos sociétés et ont assuré la cohésion de nos divers peuples. Nous ne pouvons nier cela et nous rendons grâce à ceux qui les ont créées puis hissées au premier plan. Les religions n’ont-elles cependant pas atteint leurs limites en ces temps où les miracles qui assuraient leurs propagations nous semblent maintenant dérisoires ou bien sont-elles promises à une renaissance plus étincelante, à l’instar du Phénix qui s’éteint pour renaître de ses cendres ?

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